Rita Letendre
Tziyah
1973
Acrylique sur toile
Œuvre originale
153 x 203 cm
Photo : Guy L’Heureux
Emplacement
453, rue Lindsay, Drummondville
Description de l’œuvre
Tziyah est une œuvre picturale typique de la production des années 1970 de Rita Letendre, avec ses bandes diagonales et son motif de flèche. À première vue, c’est justement cette pointe effilée de couleur aubergine qui capte l’œil. Elle semble fendre la toile en deux, provoquant un faisceau luminescent sur son passage. D’ailleurs, tout dans cette composition y insuffle du mouvement, de la puissance et du dynamisme : la juxtaposition des couleurs vives et contrastées de même que les traits nets et prononcés au centre, autant que les tons fondus et les lignes vaporeuses aux extrémités. Quant à la flèche, elle entraîne notre regard en dehors du tableau, telle une invitation à en sortir pour le tourner vers soi. « L’écho des émotions humaines », c’est ainsi que l’auteure Marguerite Andersen qualifie les œuvres de Rita Letendre.
Balado

Rita Letendre
Biographie
Rita Letendre est née à Drummondville en 1928. Après un déménagement à Montréal avec sa famille durant son adolescence, elle s’inscrit à l’École des beaux-arts au début de la vingtaine. Elle abandonne ses études un an plus tard, déçue par l’instruction qu’elle juge trop formelle. Elle s’affilie dès lors à l’avant-garde artistique de Montréal et fréquente assidûment les automatistes. En 1954, elle participe à l’importante exposition automatiste intitulée La matière chante, présentant son travail aux côtés de Paul-Émile Borduas, Pierre Gauvreau, Jean-Paul Riopelle, Jean-Paul Mousseau et Fernand Leduc. Ses œuvres suscitent l’attention, ce qui propulse sa carrière.
Elle propose sa première exposition solo en 1955, puis le Musée des beaux-arts de Montréal expose ses tableaux grands formats en 1961. Déjà, elle a développé sa propre vision artistique, qui ne cadre plus avec la pensée de Borduas. Les années suivantes, l’artiste d’origine québécoise et abénakise gagne un public international en exposant entre autres à New York et en Europe. Les critiques la qualifient de « peintre choc de sa génération ». Celle qui est devenue un symbole d’indépendance et de liberté voyage et séjourne en France, en Italie, en Israël et aux États-Unis, où elle produit beaucoup d’œuvres. Elle réalise aussi plusieurs murales d’art public pour des grandes villes canadiennes et américaines.
Rita Letendre s’installe à Toronto en 1970, où elle restera jusqu’à son décès en 2021. Au cours de sa prolifique carrière, elle a présenté ses œuvres dans près d’une centaine d’expositions individuelles et autant d’expositions de groupe. Elle a reçu bon nombre de prix, dont le prix du Gouverneur général du Canada en 2010 et le prix Paul-Émile-Borduas en 2016, les plus prestigieuses récompenses en arts visuels au pays.
Démarche artistique
« Ma peinture est non figurative, abstraite, peut-être qu’elle est lyrique. Toute cette terminologie importe peu. Ce qui importe, c’est le tableau. Quand on regarde un tableau, on regarde quelque chose de vrai et c’est ce qui compte. » Rita Letendre résume ainsi très bien sa démarche. Pour elle, l’abstraction lui permet de créer de nouvelles façons de voir le monde. Sa pratique étant en perpétuel mouvement, elle exploite tour à tour les possibilités infinies de la caséine, de l’encre, de l’huile, du pastel, de la sérigraphie, de l’acrylique, de l’aérosol et de l’eau-forte, sur des supports tout aussi variés (toile, papier, carton, panneau, murs extérieurs).
Rita Letendre peint ce que l’on ne voit pas avec les yeux, soit le mouvement, l’énergie, la vibration, les émotions, la lumière. L’esthétique de ses œuvres se transforme au fil de ses recherches picturales. Au début de sa carrière, elle s’affilie aux automatistes pour explorer l’approche intuitive expérimentale non représentative. Or, elle en vient rapidement à développer son propre langage artistique. Dès 1965, elle s’initie à la technique du hard edge, qui se caractérise par des masses géométriques aux contours nets et par des couleurs franches et vives. Elle conçoit alors son « motif de flèche », qui traverse son œuvre de la fin des années 1960 et des années 1970.
La décennie suivante, l’artiste de renommée internationale effectue un retour à la peinture sur chevalet et à l’huile appliquée au pinceau, qui avaient fait sa réputation en début de carrière. Elle développe toutefois une nouvelle gestuelle de l’oblique, plus spontanée, fougueuse, enflammée. Au bout du compte, peu importent le procédé et la matière; ce que l’on voit dans l’œuvre de Rita Letendre, c’est sa force esthétique, son caractère novateur et sa façon unique de rendre la lumière.