Khadija Baker
Photographie documentaire pour le projet Performing community garden (2019-2021)
Photo : Mike Patten
2021
Impression numérique
Dimensions variables
Emplacement
349, rue Heriot, Drummondville
Description de l’œuvre
Cette photographie fait partie d’un travail de documentation pour l’œuvre performative intitulée Performing community garden. Khadija Baker a d’abord confectionné une robe à partir de papier qu’elle a elle-même fabriqué. La robe a été conçue de façon à porter diverses plantes. L’artiste syrienne d’origine kurde a ensuite attaché à chaque plante le prénom d’un civil décédé ou déplacé à cause de la violence dans sa communauté ou encore d’un survivant récemment arrivé au Canada. Puis, elle a enfilé la robe pour s’installer dans un espace public et offrir les plantes aux passants. Chaque fois qu’une personne en choisissait une, elle lui racontait l’histoire derrière le nom. Khadija Baker souhaite ainsi perpétuer l’histoire de ces civils, mais aussi faire réfléchir les passants au fait que, même si la plante porte un nom étrange, sa vie sera nourrie par les soins et l’amour qu’ils lui donneront. Sa performance vise à améliorer les relations avec les personnes déplacées du Moyen-Orient et à faciliter l’acceptation des différentes cultures, le tout dans l’objectif de freiner les divisions sociales et les conflits raciaux.
Balado

Khadija Baker
Biographie
Khadija Baker est une artiste d’origine kurde, née en 1973 en Syrie. Après avoir étudié les beaux-arts à l’Université de Damas, elle a immigré au Québec en 2001 vu l’impossibilité pour elle de pratiquer son art dans son pays d’origine. Elle a terminé une maîtrise en beaux-arts à l’Université Concordia en 2012 et elle poursuit depuis ses recherches en création dans le cadre d’un doctorat au Centre d’études interdisciplinaires sur la société et la culture de l’Université Concordia.
Du fait qu’elle a été témoin d’événements traumatiques, les sentiments mitigés par rapport au chez-soi est une question qui se trouve au cœur de sa démarche. Son processus de création l’amène également à explorer des thèmes sociaux et politiques, tels que le déplacement, la mémoire et la perte. L’artiste a présenté ses installations multidisciplinaires dans des expositions individuelles à travers le Canada, en plus d’avoir participé à des expositions collectives dans les capitales culturelles du monde entier, aux États-Unis et en Europe (France, Allemagne, Angleterre, Suède), mais aussi en Syrie, au Liban, en Turquie, au Maroc, en Inde et en Australie.
Khadija Baker fait partie des membres principaux du Centre d’histoire orale et de récits numérisés, qui est affilié à l’Université Concordia. Elle a reçu plusieurs bourses de recherche, de création et de voyage, entre autres du Conseil des arts et des lettres du Québec de même que du Conseil des arts du Canada. En 2020, le Conseil des arts de Montréal lui a remis le Prix de la diversité culturelle en arts visuels pour l’exemplarité de sa démarche artistique et sa contribution au développement de sa discipline.
Démarche artistique
Le travail de Khadija Baker se base principalement sur des histoires orales et des expériences de vie, qu’elle retransmet par le biais des arts visuels. Pour son premier projet artistique, elle a interviewé des Kurdes expatriés. Leurs histoires lui ont permis d’imaginer une nouvelle carte géographique qu’elle a intégrée à une installation. Depuis, elle multiplie les entrevues avec des personnes déplacées et réfugiées afin de réaliser divers projets artistiques. Son travail témoigne de son implication dans la communauté tout en offrant une plateforme aux voix rarement entendues.
L’artiste multidisciplinaire combine diverses pratiques (textiles, sculpture, vidéo, audio) lors de la conception d’installations comprenant des récits et des performances participatives. Ses œuvres traitent de perte et d’injustice, de déplacements, de violence et de guerre. Consciente de la lourdeur des thèmes abordés dans ses œuvres, elle porte une attention particulière à leur esthétisme afin de maintenir l’intérêt du public.
Lors de son processus créatif, Khadija Baker s’inspire de son expérience personnelle dans le but d’ouvrir une conversation universelle. Elle souhaite, par le biais de ses œuvres, offrir des espaces de dialogue et ainsi favoriser une meilleure compréhension de l’autre. Elle cherche aussi à générer chez le public une profonde empathie qui pourrait mener à des prises de conscience et à des actions citoyennes contribuant à un monde plus juste et solidaire. Pour elle, l’art est politique et constitue une forme de résistance. Même s’il divertit, l’art doit être utile.