Mikaël Lepage
Dénué
2019
Huile sur toile
Œuvre originale
122 x 91 cm
Emplacement
235, rue Heriot, Drummondville
Description de l’œuvre
Dans cet autoportrait de style réaliste, l’artiste se représente en gros plan au centre de la composition, mais de dos. L’absence de décor de même que les couleurs sobres contribuent à attirer toute l’attention sur la chemise blanche, symbole de la masculinité et d’un certain statut social. Or, le peintre la froisse et la porte à l’envers. Au cœur de cette œuvre se trouve donc un double rejet, soit la position de l’artiste, qui tourne carrément le dos au monde, et sa façon de porter la chemise, comme un refus des conventions. En même temps, la chemise s’ouvre, semble sur le point de se retirer. Symboliquement, « perdre sa chemise » évoque l’idée d’une solitude absolue, d’un abandon de la part de la société. Mais qui exclut qui finalement, et pourquoi? Loin de se révéler, le portraitiste nous laisse en somme avec plus de questions que de réponses…
Balado

Mikaël Lepage
Biographie
Mikaël Lepage est un artiste de la relève originaire de Drummondville. Il s’exprime principalement par la photographie et la peinture, mais touche aussi à la vidéo d’art, à l’installation et à la performance. Après des études en arts visuels au Cégep de Drummondville, il a obtenu un baccalauréat en arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) en 2020.
Son travail a été remarqué dès son parcours scolaire, ce qui lui a déjà valu deux bourses : la bourse d’excellence artistique Buropro en 2017 et la bourse Huguette-Dubois du programme Soutien à la pratique artistique de la Ville de Drummondville en 2021. À la fin de ses études, il est revenu s’installer à Drummondville afin de poursuivre sa pratique artistique. Il souhaite ainsi contribuer à construire et à enrichir le milieu artistique de la région.
Mikaël Lepage a présenté ses œuvres dans des expositions collectives qui ont entre autres eu lieu à la Place des Arts de Montréal, au festival Mtl en Arts, à la Galerie d’art Desjardins de Drummondville (devenue DRAC – Art actuel Drummondville). Son autoportrait Dénué a remporté le prix provincial du concours 1res œuvres! de BMO en 2020 et a figuré dans l’exposition virtuelle de l’Art Museum de l’Université de Toronto. En 2021, la Ville de Drummondville a acquis sa peinture à l’huile intitulée Les fleurs ont besoin d’eau afin de l’intégrer à sa collection d’œuvres d’art permanente.
Démarche artistique
La plus récente série d’œuvres de Mikaël Lepage se compose principalement d’autoportraits à l’huile dont l’exécution est fortement inspirée du mouvement réaliste, qui est apparu en Europe au 19e siècle. Cela dit, sa pratique reste ancrée dans la modernité puisque ses tableaux sont issus d’une recherche photographique ou d’un arrêt sur image lors d’une performance filmée.
La thématique du vêtement traverse l’ensemble de ses œuvres et peut être vue comme un symbole de l’identité. Le vêtement du peintre est soit en construction, soit porté de façon singulière, soit manipulé par l’autre. Il est à la fois un costume, un habit et une seconde peau. Il est tantôt typiquement masculin, tantôt typiquement féminin. Il s’ouvre et découvre. Le travail de Mikaël Lepage interroge en effet la question de l’identité et cherche à décloisonner la binarité de genre. En même temps qu’il crée, l’artiste se définit et se redéfinit.
La démarche de Mikaël Lepage est toute en contradiction. Celui-ci se représente essentiellement dans des lieux domestiques et privés, dans des décors épurés et sobres, à l’abri des regards. En même temps, en choisissant l’autoportrait, il se dévoile et révèle son intimité… mais en partie seulement puisque les cadrages serrés de ses œuvres tronquent volontairement certains éléments et personnages de la scène, ce qui en complexifie la compréhension et rend insaisissable l’action qui se déroule autour du sujet, l’atmosphère des lieux et l’émotion du personnage. En rendant ses compositions difficiles à déchiffrer, l’artiste dit essayer de capter et de garder l’attention du spectateur le plus longtemps possible afin de le plonger dans une temporalité lente, le plus près de celle dans laquelle il travaille.